États Généraux de la formation des enseignants: les contributions...

Pascale Garnier, MCF IUFM Créteil. le 29/09/08



Masters, Cahier des charges et rôle des IUFM


« Enseigner est un métier qui s'apprend. Faire cours et faire apprendre, conduire une classe et individualiser son enseignement, exiger des efforts et donner confiance, susciter l'intérêt, évaluer les aptitudes et percevoir les talents, aider à l'orientation. Tout cela nécessite uneformation initiale et continue approfondie : rien ne doit être laissé aux aléas de la vocation pédagogique ou du hasard professionnel » (Extrait de l'annexe de l'arrêté du 19 décembre 2006 portant cahier des charges de la formation des maîtres en IUFM, Journal officiel de la République française du 28 décembre 2006)

Entre l'ancienne idée de « programme » qui avait l'ambition de définir de manière exhaustive la formation initiale des maîtres et l'autonomie des universités qui ouvrent à une formation des enseignants à géométrie variable, il y a place pour un « cahier des charges » qui marque l'intervention nécessaire de l'Etat dans le service public d'éducation nationale.

Vivement discuté lors de sa parution, et toujours éminemment discutable, on peut mesurer l'importance de l'existence même de ce « cahier des charges », qui est cette année encore en vigueur, pour la formation initiale des enseignants, cadrant (même de façon très relative) sur le plan national :
- une durée minimale de formation (400h en PE2 ; 50h en T1 : Arrêté du 19 décembre 2006)
- des modalités d'évaluation (un référentiel de compétences)
- pour le premier degré : une prise en compte de la polyvalence des enseignants ;
- l'articulation avec différents types de stages : responsabilité, pratique accompagnée... (« principe de l'alternance », que le Cahier des charges référait explicitement à la Loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'École du 23 avril 2005.)

Il semble que la production de masters ou de parcours « enseignement » par les universités ouvre la porte à une disparition pure et simple d'un tel cadrage national, laissant jouer à plein, sans mécanisme de régulation, les fortes disparités à la fois démographiques, économiques et sociales entre académies. Le risque est grand de voir se creuser plus encore les écarts entre académies bien dotées en ressources universitaires et les autres. La seule perspective d'une définition nationale des concours laisse entière cette question des inégalités de formation et des moyens dont disposent les universités pour mener à bien cette formation des enseignants, y compris au sein d'une même académie.

Pour éviter l'accentuation de ces dérives, il est essentiel qu'un cadrage des masters soit défini sur le plan national, au-delà d'orientations très générales telles qu'elles sont à l'heure actuelle déjà dessinées par la CPU et la CDIUM, notamment en termes de
- durée de formation,
- de niveau d'exigence de l'évaluation des masters
- de contenus de formation : notamment au niveau de la forme et la place des stages en établissement scolaire et de la prise en compte des caractéristiques des différents niveaux d'enseignement et des missions

Il est également essentiel qu'une intervention de l'Etat permette de rééquilibrer les inégalités territoriales, à partir d'un travail permanent d'évaluation de ces formations.

Enfin, au sein d'une même académie, pour éviter les concurrences entre universités « intégratrice » et « partenaires », il est indispensable que l'IUFM joue un rôle de tout premier plan dans la perspective de masters cohabilités. Pour faire jouer les synergies et les complémentarités des universités au service de la formation des maîtres, l'IUFM doit en représenter l'instance décisive de pilotage, en relation avec le rectorat, les corps d'inspection, les établissements scolaires et autres partenaires de la formation des enseignants.


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